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Légende «Avec une pomme, je veux étonner Paris"
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Claude Fayette, le 01/01/2005


Cette phrase célèbre de Paul Cézanne est prophétique à plus d’un titre à l’insu même de son propre auteur.

Le talent et l’originalité de l’expression artistique de Paul Cézanne se sont imposés jusqu’à faire de lui un des artistes les plus emblématiques du XXe siècle. Son influence a été capitale sur certains des grands courants artistiques comme le fauvisme, le cubisme ou l’abstraction. Paris, capitale mondiale de l’art, l’a reconnu et adulé. Malgré lui et bien après sa disparition il marque à nouveau l’histoire en illustrant la dernière coupure en Franc émise par la Banque de France.


Recto du 100 Francs Cézanne type 1997

Ce billet de 100 francs représente sur la partie droite du recto un portrait du peintre Paul Cézanne né à Aix-en-Provence en 1839 et mort en 1906 dans sa ville natale. En arrière-plan une évocation d’un tableau peint en 1878-79, «La mer à l’Estaque». En bas stylisés en vert, les personnages des «Joueurs de cartes», célèbre tableau du peintre. En haut à gauche, une représentation du Jas de Bouffan, la propriété paternelle de l’artiste, plus à gauche sa palette rectangulaire représentée d’après une photographie de l’époque. Deux phrases du peintre sont imprimées en microlettres : «Le dessin et la couleur ne sont point distincts ; au fur et à mesure que l’on peint on dessine ; plus la couleur s’harmonise, plus le dessin se précise» ; sur huit lignes au dessus du filigrane : «Avec une pomme, je veux étonner Paris» imprimée en mini-lettres puis en microlettres constituant les rayons gris du centre de la vignette. Sous le filigrane apparaît la silhouette de la Montagne Sainte-Victoire. Sa surface brillante nacrée, légèrement visible à l’oeil nu, ressort en vert fluorescent sous éclairage ultraviolet. Une bande réfléchissante discontinue STRAP (système de transfert réfléchissant anti-photocopie) large de 5 mm est située verticalement sous l'impression.


Verso du 100 Francs Cézanne type 1997

Sur la partie gauche du verso, une interprétation d’une toile peinte vers 1880, «Pommes et biscuits». En haut sur la droite, une évocation du cercle chromatique rappelle que pour Cézanne «Les contrastes et les rapports de tons, constituent le secret du dessin et du modelé». En bas, le motif imprimé en vert des «Joueurs de cartes» se complète avec celui représenté au recto par effet de transvision. En filigrane le portrait de Paul Cézanne représenté d’après un tableau peint vers 1870.

Cette coupure aujourd’hui familière n’aurait cependant jamais dû sortir sous cette forme. Lors de la création des billets de la nouvelle gamme confiée à Roger Pfund, la coupure pressentie pour comporter la valeur 100 francs devait représenter l’effigie de Gustave Eiffel sous la forme approximative de la coupure de 200 francs que nous connaissons et utilisons aujourd’hui.


100 Francs Eiffel - maquettes préparatoires du recto

En effet, environ 17 millions de billets de 200 francs déjà fabriqués représentant les frères Lumière sont brusquement mis à l’écart à l’issue d’une polémique concernant l’attitude de Louis et Auguste Lumière sous le gouvernement de Vichy et aussitôt détruits. La Banque de France se trouve alors dans l’obligation d’imprimer de toute urgence de nouveaux billets de 200 francs et décide d’adopter la vignette représentant Eiffel initialement prévue pour le billet de 100 francs et quasiment achevée.


100 Francs Eiffel - maquettes préparatoires du verso

Reste alors à définir le choix d’une nouvelle personnalité représentative pour figurer sur le nouveau billet de 100 francs à venir. Plusieurs peintres sont pressentis et finalement le choix de Paul Cézanne l’emporte. Il voulait étonner Paris et le voilà qui s’impose à la place d’Eiffel. Quasiment en lieu et place, si on compare les maquettes originales les pommes supplantent la célèbre tour. Est-ce vraiment le fait du hasard ou bien la détermination d’un homme à la pensée forte et pérenne - n’oublions pas qu’il est un des pères de l’art contemporain - qui au-delà de sa mort s’impose comme une évidence dans l’inconscient culturel ?


100 Francs Cézanne - maquettes préparatoires du recto

Quoi qu’il en soit le 100 francs Cézanne existe et malgré une durée de vie qui sera brève il marque l’histoire du billet de banque français car il est la dernière coupure émise par la Banque de France libellée en Franc.
A l’image des autres coupures de la Nouvelle Gamme ce billet peut se rencontrer avec différentes anomalies, «sans strap» ou sans certains signes de sécurité... Il ne faut pas oublier de s’intéresser à ces billets que l’on peut encore trouver à des prix compris entre 1000 et 1500 francs, les numéros déjà répertoriés permettant d’éviter toute contestation sur l’authenticité de l’anomalie. Les spécimens quant à eux se négocient entre 3500 et 5000 francs.


100 Francs Cézanne - maquettes préparatoires du verso

Il convient de noter que les plus petits numéros de cette coupure ne se rencontrent que très rarement en dessous du n° 1000. Seuls quelques rares exemplaires, hormis ceux conservés par le Médaillier, ont été réservés pour certaines personnalités de la Banque de France et comportent des numéros inférieurs au n° 100. Les billets dont les numéros sont compris entre 1000 et 1400 se négocient déjà autour de 800 à 1000 francs.

Ce billet a été émis le 15 décembre 1997 et parmi toutes les dates qui habitent ma mémoire de collectionneur celle-ci a une valeur toute particulière car elle se réfère à un moment d’amitié partagée avec Monsieur Yves Barroux, alors Caissier Général de la Banque de France, qui m’avait ce jour-là honoré d’une invitation toute particulière pour fêter cet événement.

Les frères Lumière ont malgré eux cédé la place à Gustave Eiffel, lequel a «gagné» 100 francs dans cette opération en cédant à son tour la place à Paul Cézanne qui bien après sa disparition et sa consécration universelle a réussi à «étonner Paris» une nouvelle fois en devenant un familier de millions de Français et à tenir une place toute sentimentale dans nos collections.

Article paru dans la revue Numismatique & Change de décembre 2001.

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