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1 000 F Trésor Central de Dulac, une lettre inédite
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Yves Jérémie, le 01/07/2007

Il y a encore matière à recherche et à travailler sur les billets du Trésor et plus spécialement sur les billets du Trésor émis en 1945. En effet, l'ouvrage de MM. Jean-Paul Vannier et Claude Fayette "Les billets Français du Trésor", édité en 1996, reprenait, à peu près, les indications déjà connues. Nous disposons, depuis 1954, des lettres de séries retrouvées grâce aux travaux de MM. Jean Lafaurie et Raymond Habrekorn dans le Bulletin de la Société d'études pour l'histoire du papier-monnaie. M. Maurice Muszynski n'indiquait pas les lettres de série dans son ouvrage Les billets de la Banque de France et les émissions du Trésor, édition de 1987.

Puis, les recherches entreprises et le hasard des découvertes permirent de faire avancer la connaissance de ces billets. En effet, la documentation est très pauvre sur ce sujet et les tirages sont inconnus. Il convient donc de centraliser les informations, noter les séries et les billets rencontrés ou signalés et essayer de remonter à l'émission.

La première découverte d'une lettre de série non référencée concerne le 1 000 F Vert chiffres gras (réf. VF n° 12) avec la lettre B (voir Numismatique & Change n° 321, novembre 2001). Puis pour le 500 F Marron (réf. VF n° 11) successivement les lettres N et Z sont venues s'ajouter aux lettres L et M. La découverte de la lettre Z est très importante car elle permet d'avancer l'emploi de toutes les lettres de l'alphabet pour les billets anglais de l'imprimeur Thomas De La Rue. C'est ainsi que nous pourrions envisager, dans l'hypothèse la plus favorable, un alphabet complet (voir tableau ci-contre).

 


Cela fait beaucoup de lettres manquantes, surtout pour le 500 F Marron. On doit aussi envisager que la lettre Z concerne la lettre de remplacement pour les billets fautés et que les autres lettres de O à Y n'ont pas été émises. Mais, comme les découvertes se succèdent, y compris de faux billets (très nombreux et la cause d'un retrait rapide de ces coupures), il convient de rester prudent.
En parlant de " faux ", il était intriguant de constater que les faussaires avaient utilisé la lettre H (voir plus loin) pour le 1 000 F chiffres maigres, alors que seules les lettres D et E semblaient en circulation. Cette grossière erreur pouvait rendre les coupures apocryphes très facilement repérables et la mise en garde de la population des plus facile. Mais avec la découverte de la lettre H authentique, on peut ainsi admettre que nos faussaires ont bien copié un billet authentique, même si celui-ci ne semblait pas connu. Faire un faux et copier un billet très rare c'est un comble.
Nota : Le fait n'est pas unique, mais en matière de fauté et non pas de faux : le 100 F Paysan avec la signature FAVRE-GILLY alphabets 203 et partiellement 204 est très rare (Fay. 28ter). C'est cependant ce billet fauté (Y203 n° 31475) que M. Mazard, certainement sans le savoir, a pris pour illustrer le 100 F Paysan dans son ouvrage " Histoire monétaire et numismatique contemporaire ".


Faux billet de 1000 F. série H


UNE LETTRE DE SÉRIE INÉDITE
Connaissant nos recherches sur les billets du Trésor, M. Patrick Guillard, professionnel et collectionneur bien connu, nous a montré un billet de la série H. Notre première pensée fut: encore un faux comme tous les billets de la lettre H rencontrés jusqu'alors, mais après un examen très attentif, il fallait se rendre à l'évidence : ce billet était parfaitement authentique. Les coupures fausses de cette série sont assez grossières et la Marianne de Dulac n'a pas la finesse du portrait d'un billet authentique.Un autre correspondant passionné de billets du Trésor nous a signalé un billet de la même lettre H, lui aussi de la série 2 avec le numéro 329.777 également parfaitement authentique.
Avec ces découvertes, il ne reste plus à M. Claude Fayette qu'à rajouter, dans sa prochaine édition, sous la référence VF 13, la lettre H (certainement très rare) avec à ce jour deux exemplaires retrouvés depuis la publication de… 1954.


Billet de 1000 F authentique, série H


D'autres lettres de séries sont donc possibles, vous pouvez nous faire part de vos informations (nouvelles lettres, conditions d'émission, tirages, etc.) à Numismatique & Change qui transmettra ou au Club Auvergne Papier-Monnaie Chamalières, 11, avenue de la République, 63800 Cournon-d'Auvergne.

Edmond Dulac
Né à Toulouse en 1882 et mort à Londres en 1953. Doué pour le dessin, il entre à l'École des beaux-arts de sa ville natale puis, à l'université en classe d'Art où il retrouve son ami de lycée Émile Rixens (important pour la suite). Passionné par l'Angleterre, il s'habille à l'anglaise et illustre de nombreux livres… anglais. Son surnom est naturellement "l'Anglais".
Marié à Alice Mary de Marini, ils partent vivre à Londres, mais ils se séparent rapidement. Il se remarie en 1911, avec Elsa Arnalile Bignardi pour une union éphémère. Entre-temps, son ami Émile Rixens avait quant à lui, épousé en 1909 la charmante Léa qui devint rapidement un des modèles favoris de Dulac. En 1912, il décide de se faire naturaliser anglais et anglicise son prénom en Edmund. On lui doit de nombreuses affiches, peintures, calendriers, médailles, timbres (Edmond Dulac est bien connu des philatélistes) et bien sûr des billets de banque. Il dessina, en 1933, un billet de 20 florins pour la Hollande, mais ce projet ne fut pas retenu. Puis, des billets pour Ceylan, l'Espagne, l'Italie, etc. mais aucun billet ne fut émis. Enfin, il trouva la notoriété avec "sa" célèbre Marianne de Londres que l'on retrouve sur les billets de la Caisse centrale de la France libre, les billets français du Trésor (100 F pour la Corse, Fay.-VF6) et nos billets anglais, objet de cet article, qui ont servi de francs complémentaires lors de l'échange général des billets du 4 juin 1945.

La Marianne de Londres
C'est bien une française qu'Edmond Dulac a pris pour modèle afin de représenter la République française, coiffée du bonnet phrygien. Et cette française est Léa Rixens, l'épouse de son ami de Toulouse.
Née le 17 septembre 1885, elle est décédée le 15 novembre 1985, juste après avoir fêté son centième anniversaire. Il avait choisi Léa pour sa beauté et la fierté de son profil. En plus, de ces dons de la nature, Léa fut une grande résistante. Elle fut décorée de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Le général Eisenhower lui décerna un certificat de gratitude pour assistance à l'évasion de soldats alliés, une autre attestation lui fut remise par un maréchal de l'air britannique pour son aide aux aviateurs du Commonwealth. Ainsi, sans le savoir (il l'apprendra après la Libération), Edmond Dulac avait choisi une héroïne française faisant honneur à notre pays et qui méritait largement de figurer sur "nos" billets de banque.


Yves Jérémie
Article paru dans la revue Numismatique & Change n°378 de janvier 2007


Bibliographie principale:
- J. Lafaurie et R. Habrekorn - SEHPM Numéro Spécial 1954.
- M. Muszynski - Dossier de la Monnaie, juillet 1994.
- C. Fayette - Billets de la Banque de France et du Trésor 1800-2002.
- Y. Jérémie - Numismatique & Change, novembre 2001 et PM Magazine, septembre 2002.
- Club Auvergne Papier-Monnaie Chamalières - Résumé de causerie, septembre 2005.

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